La noblesse des bâtisseurs

Le marquis, nous l’avons vu, revient à Aubais après six mois d'absence. Il était parti pour Paris au début de juin 1744 et arrivé à destination, sans doute après plusieurs arrêts, le 26 juillet. Pour la seconde fois Prion cite cette expression « marier la truelle et l’épée » (1)

Le scribe est fasciné par l’épée, symbole de la noblesse ; et par la truelle, qui symbolise la volonté de bâtisseur manifesté par son maître. Prion fait référence aux travaux « pharaonique » (1) entrepris depuis 1733 par le marquis :

•  -  l’agrandissement de la grande cour d’honneur, « de plus de huit cent toises de circonférences » (1)
•  -  de l’actuelle avenue Léonard, dite la ‘promenade‘, « une magnifique allée terrassée de plus de deux cent toises de long sur deux (de) hauteurs » (1)
•  -  de la construction de la nouvelle bibliothèque où se presseront les érudits ;
•  - et des écuries du château que Prion décrit comme « les plus grandes et les belles de France » (1)

Prion, un Marseillais dans l’âme

Il faut savoir que Prion exagère toujours beaucoup... La promenade ne fait que 295 m de long (au lieu des 200 toises = 390 mètres) et la grande cour d’honneur 350 m de périmètre (au lieu des 800 toises = 1560 mètres) ...L’ampleur de l’entreprise est telle  qu’elle nécessite le rachat et la démolition de quarante maisons et le « nivellement de la roche vive... à grand coups de boulets de canons » (1)

"Le vendredy 8 janvier 1745, Mr le Marquis d'Aubaïs est arrivé de Paris en poste à Aubais, dans son château-maison de campagne, qui est une des plus grandes et la plus belle qu'on puisse voir en France, que ce puissant seigneur à fait construire en partie luy même ; ayant marié son épée avec la truelle, avec tant de succès et d'honnêteté, que toutes les nations viennent admirer ces édifices" (1)

1. (1) > (08.01.1744) Pierre PRION, la Chronologiette, p.30.