[ N°10 ] UN PONT
SOUS LA PROMENADE
Oui, c’est surprenant, mais un pont existait
bel et bien sous la promenade !
Nous en avons perdu le souvenir … et pourtant :
Dans son récit « Mémoire d’une vie » (1) Pierre PRION, l’écrivain copiste à la bibliothèque du château d’Aubais écrivait :
« En 1730, et dans le lieu d’aubaîs, ... Mr le marquis d’Aubaïs le nommera piqueur dans la construction de ses vastes et nouveaux bâtimens. Il aura le soin de faire travailler et payer quinze manœuvres .... l’espace de 4 années … pour former … une magnifique allée terrassée de plus de deux cent toises de long, sur deux de hauteur, avec un magnifique pont d’une seule arcade au un des bouts d’icelle pour ne point detourner le chemin qui passe dessous … »
La promenade
La « magnifique allée terrassée de plus de deux cent toises de long, sur deux de hauteur », ouverte sur la campagne avec son haut mur de soutènement est l’actuelle « promenade », aujourd’hui l’Avenue Emile LEONARD.
Notons avec amusement que PRION exagère la dimension de la promenade comme il le fait souvent dans ses descriptions… La promenade mesure seulement 295 mètres de long, soit environ 150 toises (2), au lieu des 200 annoncées.
Le terme « promenade du château » est déjà utilisé par PRION en 1744 et en 1757.
En 1778, la lecture de l’interrogatoire du procès de Guillaume Batifort confirme l’emploi du terme: « à l’estremité du couchant de cette terrasse dite la Promenade, laquelle terrasse est de niveau avec la cour (du château) »(3)
Ce toponyme fut très régulièrement usité tout au long du XIXe siècle et persiste encore de nos jours.
Le pont
Le « magnifique pont d’une seule arcade au un des bouts d’icelle pour ne point detourner le chemin qui passe dessous » fut construit à ce moment.
Nous avons confirmation de l’existence de ce pont en 1861. Avant la construction de la mairie, la municipalité envisagea un « Projet de modification de la rue qui passe sous le pont de la promenade avec démolition du dit pont, pour communiquer directement sur la dite rue, et donner aux habitants des quartiers voisins une issus plus convenable, et avec voitures. » (4).
Le pont sous la promenade
Le plan de ce projet (5) permet de situer ce pont dans la prolongement de la rue du Roc, appelé alors « Chemin du Pont », passant sous la promenade et continuant au sud, jusqu’à l’Argelier par l’actuelle descente du passage des écoles (6) le long de la mairie.
Nous comprenons par ce plan, qu’une pente douce permettait de rejoindre depuis le haut de la promenade ce « chemin de piétons » qui mène à l’Argelier.
Nous pouvons aussi déduire que la rue « du Roc » est antérieure à la promenade, donc d’avant 1734.
(1) - Pierre PRION, Un Rouergat au siècle des lumières, voyages, aventures, contes, anecdotes, Archives historiques du Rouergue. XXX, Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, 2017, p. 63, folios 51 verso et 52. (1730-1734)
(2) - La citation utilise une ancienne unité de mesure française de longueur, la toise valant environ 1.95m
(3) - Archive privée Doudelet, Mas de Four à chaux, Aubais. et, Robert Pic, note , A.D.G. 1 E 994. (01.1778)
(4) - Dressé par l’agent voyer cantonal de Sommières, a Sommières le 4 mai 1861. l’agent voyer cantonal : Mr Couderc » (04.05.18681
(5) - Archives Communale d’Aubais. 1 O 2.
(6) - Nommée a cette époque « Chemin de piétons » Archives Communale d’Aubais. 1 O 2.
Auteur : François Lavergne
Historien amateur, passionné et éclairé, François, co-Président de l'association, et par ailleurs aubaisien accomplit un formidable travail de recherche et de collectionne depuis de nombreuses années objets et documents relatifs à l'histoire d'Aubais. Conférencier et guide à ces heures perdues, son patient et minutieux travail de recherche est à l'origine de cette série Biblioteca Albassiana.