[ N°8 ] "TOUCHE PAS À MA PLACE !"
Il s’en est fallu de peu pour que la place
du Plan du château n’exista plus !...
Un testament
Dans son dernier testament, Charles de BASCHI (daté 24 novembre 1776), le marquis d’Aubais, désigna sa fille Jacqueline-Marie légataire universelle de ses biens. Quelques mois plus tard, à son décès le 5 mars 1777, elle et son mari Alexandre François-Joseph Comte d’URRE héritèrent du château. Il n’était pas mort depuis 15 jours qu’ils songeaient déjà à vendre, pour la somme considérable de 40 000 livres, toute la belle bibliothèque patiemment réunie par le Marquis.
Une révolution
Le nouveau marquis d’Aubais, le Comte d’URRE, ne jouit pas très longtemps de son beau château d’Aubais. Il le quitta deux ans avant sa destruction. Voyant arriver les mauvais jours de la révolution, il s’était retiré dès 1789 dans une de ses propriétés, le château des Saptes près de Conques (Aude).
En mars et avril 1792, dans la tourmente révolutionnaire, le château d’Aubais fut pillé et partiellement détruit de tous ses ornements. Il resta vidé et en partie dévasté pendant de longues années. Son possesseur, considérant les frais immenses que sa restauration nécessitait, préféra renoncer, et le vendit rapidement à des spéculateurs. Ces derniers morcelèrent par lots le château et toute la grande cour d’honneur dès la fin du XIXe siècle.
Une place en guise de peau de chagrin
D’année en année, les Aubaisiens achetèrent des portions de cette cour.
Déjà en 1835, la place était réduite de plus de la moitié de sa superficie ! Restait tout de même une vaste place libre de bâtiments à l’est du château allant jusqu’à l’actuelle rue du Marquis.
Puis, entre les années 1860/1880, sont encore construits l’ilot de la Poste, et le café du Plan. Il ne reste plus alors, qu'à peine un petit quart de l’ancienne cour d’honneur du marquis.
Sauve que pourra
En 1892, la municipalité s’émeut de cette situation. Voyant disparaître petit à petit cette place, elle projette d’acheter les dernières parcelles avant qu’il n’en reste plus rien.
Nous retrouvons dans les archives municipales les délibérations du conseil, l’arrêté préfectoral autorisant « la commune à acquérir, en vue de l’établissement d’une place publique » l’achat des diverses parcelles « désignées au plan cadastral section A, quartier du château ». Et toutes les promesses de ventes auprès :
1° du sieur Auguste BOUCHET,
2° de la demoiselle Julie BOUCHET,
3° du sieur Eugene MABELLY,
4° du sieur Jean REY,
Lesquels promettent « en vu d’être agréable à la commune, de lui vendre pour l’établissement d’une place publique une partie de leurs propriétés… à première réquisition de mr le maire d’Aubais »
Le « procès verbal d’expertise » de Félix PIGOURIER en date du 25 juin 1892, totalise les 8600 m² de la place du Plan.
Il précise que « les diverses parcelles servant de jardins en face de leurs maisons d’habitation constituent des emplacements de premier ordre et que dans cette situation, le prix » est majoré de 50 %, « et ne paraît pas exagéré pour la commune, eu égard à leur destination et en raison de la convenance spéciale qu’elles représentent pour la destination projetée ».
Enfin ce 12 févier 1893, l’extrait du registre des délibérations du conseil Municipal de la Commune d’Aubais statue sur le nivellement des terrains de la Place publique telle que nous la connaissons de nos jours. (12.02.1883) archives Communales d’Aubais 1.0.3.
Auteur : François Lavergne
Historien amateur, passionné et éclairé, François, co-Président de l'association, et par ailleurs aubaisien accomplit un formidable travail de recherche et de collectionne depuis de nombreuses années objets et documents relatifs à l'histoire d'Aubais. Conférencier et guide à ces heures perdues, son patient et minutieux travail de recherche est à l'origine de cette série Biblioteca Albassiana.